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Рассказ «Маленький Тумаи» (Toomai des Éléphants) на французском языке, Редьярд Киплинг – читать онлайн

Книга «Маленький Тумаи» (Toomai des Éléphants) на французском языке – читать онлайн, автор – Редьярд Киплинг. Русское название рассказа - «Маленький Тумаи» - не совсем точно переведено с оригинала (т.е. с английского языка), французский перевод книги соответствует оригиналу. Рассказ «Маленький Тумаи» (Toomai des Éléphants) - шестой в сборнике «Книга джунглей», и, как в остальных рассказах, в нём показана дружба ребёнка и животных. Рассказ не очень известен среди широкого круга читателей, однако он вместе с более известными рассказами о Маугли вошёл в «Книгу джунгей», и вместе с остальными рассказами был переведён на многие самые распространённые языки мира (в том числе и на французский). С появлением и развитием кино по сюжету рассказов «Книги джунглей» были сняты фильмы и мультфильмы в разных странах мира в разные годы.

Другие произведения самых известных писателей всего мира можно читать онлайн в разделе «Книги на французском языке». Для детей будет интересным раздел «Сказки на французском языке».

Для тех, кто самостоятельно изучает французский язык по фильмам, создан раздел «Фильмы на французском языке с субтитрами», а для детей есть раздел «Мультфильмы на французском языке».

Для тех, кто хочет учить французский не только самостоятельно по фильмам и книгам, но и с опытным преподавателем, есть информация на странице «Французский язык по скайпу».

 

Теперь переходим к чтению шестого рассказа сборника «Книга джунглей» - «Маленький Тумаи» (Toomai des Éléphants). На этой странице выложена первая половина книги, а в конце страницы будет ссылка на продолжение рассказа «Маленький Тумаи» (Toomai des Éléphants) на французском языке.

 

Toomai des Éléphants

 

(Toomai of the Elephants)

Je me souviens de qui je fus. J'ai brisé corde et chaîne.

Je me souviens de ma forêt et de ma vigueur ancienne.

Je ne veux plus vendre mon dos pour une botte de roseaux,

Je veux retourner à mes pairs, aux gîtes verts des taillis clos:

Je veux m'en aller jusqu'au jour, partir dans le matin nouveau.

Parmi le pur baiser des vents, la claire caresse de l'eau:

J'oublierai l'anneau de mon pied, l'entrave qui veut me soumettre.

Je veux revoir mes vieux amours, les jeux de mes frères sans maître.

* * *

Kala Nag — autrement dit Serpent Noir — avait servi le Gouvernement de l'Inde, de toutes les manières dont un éléphant peut servir, pendant quarante-sept années; et, comme il avait au moins vingt ans lors de sa prise, cela lui faisait environ soixante-dix ans à cette heure, l'âge mûr des éléphants.

Il se souvenait d'avoir, un gros bourrelet de cuir attaché sur le front, poussé pour dégager un canon enlisé dans la boue profonde; et c'était avant la guerre afghane de 1842, alors qu'il n'avait pas encore atteint la plénitude de sa force. Sa mère, Radha Pyari — Radha la favorite — prise dans la même chasse que lui, n'avait pas manqué de lui dire, avant que ses petites dents, ses défenses de lait, fussent tombées: «Les éléphants qui ont peur attrapent toujours du mal»; et Kala Nag connut l'avis pour sage, car, la première fois qu'il vit un obus éclater, il recula en criant, creva une rangée de faisceaux, et les baïonnettes le piquèrent dans ses parties les plus tendres. Aussi, ses vingt-cinq ans sonnés, était-ce fini pour lui d'avoir peur et devint-il par là même l'éléphant le plus choyé et le mieux pansé dans le service du Gouvernement de l'Inde. Il avait transporté des tentes, douze cents livres de tentes, durant la marche à travers l'Inde Supérieure; il avait été hissé sur un navire au bout d'une grue à vapeur; et, après des jours et des jours de traversée, on lui avait fait porter un mortier sur le dos dans un pays étrange et rocailleux, très loin de l'Inde; il avait contemplé l'empereur Théodore étendu mort dans Magdala; puis était rentré par le même steamer, avec tous les titres, disaient les soldats, à la médaille d'Abyssinie. Il avait vu ses camarades éléphants mourir de froid, d'épilepsie, de faim et d'insolation dans un endroit appelé Ali Musjid, dix ans plus tard; quelques mois après, envoyé à des milliers de milles dans le Sud, il traînait et empilait de grosses poutres en bois de teck, aux chantiers de Moulmein. Là, il tuait à moitié un jeune éléphant insubordonné qui voulait esquiver sa juste part de travail. Après quoi, quittant le transport des bois de charpente, il s'était vu employer, avec quelques douzaines de compagnons dressés à cette besogne, à la capture des éléphants sauvages dans les montagnes de Garo. Les éléphants, le Gouvernement de l'Inde y veille avec un soin jaloux: il y a un service tout entier qui ne s'occupe que de les traquer, de les prendre, de les dompter, et de les distribuer d'un bout du pays à l'autre suivant les besoins et les tâches.

Kala Nag, debout, mesurait dix bons pieds aux épaules; ses défenses avaient été rognées à cinq pieds et, pour les empêcher de se fendre, leurs extrémités étaient renforcées de bracelets de cuivre; mais il savait se servir de ces tronçons mieux qu'éléphant non dressé de ses vraies défenses aiguës. Quand, après d'interminables semaines passées à rabattre avec précaution les éléphants épais dans les montagnes, les quarante ou cinquante monstres sauvages étaient poussés dans la dernière enceinte, et que la grosse herse, faite de troncs d'arbres liés, retombait avec fracas derrière eux, Kala Nag, au premier commandement, pénétrait dans ce pandémonium de feux et de barrissements (c'était à la nuit close, en général, et la lumière vacillante des torches rendait malaisé de juger les distances): il choisissait dans toute la bande le plus farouche des porte-défenses, puis le martelait et le bousculait jusqu'à le réduire au calme, tandis que les hommes, montés sur le dos des autres éléphants, jetaient des noeuds coulants sur les plus petits et les attachaient. Rien dans l'art de combattre que ne connût Kala Nag, le vieux et sage Serpent Noir: il avait plus d'une fois, dans son temps, soutenu la charge du tigre blessé, et, sa trompe charnue soigneusement roulée pour éviter les accidents, frappé de côté dans l'air, d'un rapide

mouvement de tête en coup de faulx, la brute bondissante — un coup de sa propre invention — l'avait terrassée, et, agenouillé sur elle de tout le poids de ses genoux énormes, il en avait exprimé la vie accompagnée d'un râle et d'un hurlement; après quoi, il ne restait plus sur le sol qu'une loque rayée, ébouriffée, qu'il tirait par la queue.

— Oui, - disait Grand Toomai, son cornac, le fils de Toomai le Noir, qui l'avait mené en Abyssinie, et le petit-fils de Toomai des Éléphants, qui l'avait vu prendre — il n'y a rien au monde que craigne le Serpent Noir, excepté moi. Il a vu trois générations de notre famille le nourrir et le panser, et il vivra pour en voir quatre.

— Il a peur de moi aussi! — disait Petit Toomai en se dressant de toute sa hauteur, quatre pieds, sans autre vêtement qu'un lambeau d'étoffe.

Il avait dix ans; c'était le fils aîné de Grand Toomai, et, suivant la coutume, il prendrait la place de son père sur le cou de Kala Nag lorsqu'il serait grand lui-même, et manierait le lourd ankus de fer, l'aiguillon des éléphants, que les mains de son père, de son grand-père et de son arrière-grand-père avaient poli. Il savait ce qu'il disait, car il était né à l'ombre de Kala Nag, il avait joué avec le bout de sa trompe avant de savoir marcher, il l'avait fait descendre à l'eau dès qu'il avait su marcher, et Kala Nag n'aurait pas eu l'idée de désobéir à la petite voix perçante qui lui criait ses ordres, pas plus qu'il n'aurait eu l'idée de tuer le petit bébé brun, le jour où Grand Toomai l'apporta sous les défenses de Kala Nag, et lui ordonna de saluer celui qui serait son maître.

— Oui, - dit Petit Toomai, il a peur de moi.

Et il marcha à longues enjambées vers Kala Nag, l'appela «vieux gros cochon», et lui fit lever les pieds l'un après l'autre.

— Wah! - dit Petit Toomai, tu es un gros éléphant.

Et il secoua sa tête ébouriffée, en répétant ce que disait son père:

— Le Gouvernement peut bien payer le prix des éléphants, mais c'est à nous, mahouts, qu'ils appartiennent. Quand tu seras vieux, Kala Nag, il viendra quelque riche Rajah, qui t'achètera au Gouvernement, à cause de ta taille et de tes bonnes manières, et tu n'auras plus rien à faire qu'à porter des boucles d'or à tes oreilles, un dais d'or sur ton dos, des draperies rouges brodées d'or sur tes flancs et à marcher en tête du cortège royal. Alors, je serai assis sur ton cou, ô Kala Nag, un ankus d'argent à la main, et des hommes courront devant nous, avec des bâtons dorés, en criant: «Place à l'éléphant du Roi!» Ce sera beau, Kala Nag, mais pas aussi beau que de chasser dans les jungles.

— Peuh! - dit Grand Toomai, tu n'es qu'un petit garçon et aussi sauvage qu'un veau de buffle. Cette façon de passer sa vie à courir du haut en bas des montagnes n'est pas ce qu'il y a de mieux dans le service du Gouvernement. Je me fais vieux et je n'aime pas les éléphants sauvages. Qu'on me donne des lignes à éléphants, en briques, une stalle par bête, des pieux solides pour les amarrer en sûreté, et de larges routes unies pour les exercer, au lieu de ce va-etvient toujours en camp volant… Ah! les casernes de Cawnpore avaient du bon. Tout près un bazar et trois heures seulement de travail par jour.

Petit Toomai se rappela les lignes à éléphants de Cawnpore, et ne dit rien. Il préférait beaucoup la vie de camp, et détestait ces larges routes unies, les distributions quotidiennes de foin au magasin à fourrage et les longues heures où il n'y avait rien à faire qu'à surveiller Kala Nag piétinant sur place entre ses piquets. Ce qu'aimait Petit Toomai, c'était l'escalade par les chemins enchevêtrés que seul un éléphant peut suivre, et puis le plongeon dans la vallée, la brève apparition des éléphants sauvages pâturant à des milles au loin, la fuite du sanglier et du paon effrayés sous les pieds de Kala Nag, les chaudes pluies aveuglantes, après quoi fumaient toutes les collines et toutes les vallées, les beaux matins pleins de brouillard quand personne ne savait où l'on camperait le soir, la poursuite patiente et minutieuse des éléphants sauvages, et la course folle, les flammes et le tohu-bohu de la dernière nuit, quand, rués en masse à l'intérieur des palissades, comme des rochers dans un éboulement, ils découvraient l'impossibilité de sortir, et se lançaient contre les poteaux énormes, repoussés enfin par des cris, des torches flamboyantes et des salves de cartouches à blanc. Même un petit garçon pouvait se rendre utile alors, et Toomai s'en acquittait mieux que trois petits garçons. Il tendait sa torche et l'agitait, et criait de son mieux. Mais le vrai bon temps arrivait quand on commençait à faire sortir les éléphants, quand le keddah, c'est-à-dire la palissade, ressemblait à un tableau de fin du monde, et que, ne pouvant plus s'entendre, les hommes étaient obligés de se faire des signes. Alors Petit Toomai, ses cheveux noirs, blanchis par le soleil, flottant sur ses épaules, et l'air d'un lutin dans la lumière des torches grimpait sur un des poteaux ébranlés; et dès la première accalmie, on entendait les cris aigus d'encouragement qu'il jetait à Kala Nag, parmi les barrissements et les craquements, le claquement des cordes et les grondements des éléphants entravés. — Maîl, maîl, Kala Nag! (Allons, allons. Serpent Noir!) Dant do! (Un bon coup de défense!) Somalo! Somalo! (Attention! Attention!) Maro! Maro! (Frappe, frappe!) Prends garde au poteau! Arré! Arré! Hai! Yai! Kya-aah!

Et le grand combat entre Kala Nag et l'éléphant sauvage roulait ça et là à travers le keddah, et les vieux preneurs d'éléphants essuyaient la sueur qui leur inondait les yeux, et trouvaient le temps d'adresser un signe de tête à Petit Toomai, tout frétillant de joie au sommet du poteau. Il fit plus que de frétiller! Une nuit, il se laissa glisser du haut de son poteau, se faufila parmi les éléphants, ramassa le bout libre de la corde tombée à terre et la jeta vivement à l'homme qui essayait d'attraper un petit récalcitrant (les jeunes donnent toujours plus de mal que les adultes). Kala Nag le vit, le saisit dans sa trompe, le tendit à Grand Toomai, qui le gifla dare-dare et le remit sur le poteau. Le lendemain matin, il le gronda et lui dit:

— De bonnes lignes à éléphants, en briques, et quelques tentes à porter, n'est-ce pas suffisant, que tu aies besoin d'aller faire la chasse aux éléphants pour ton compte, petit propre à rien? Voilà, maintenant, que ces misérables chasseurs, dont la paye n'approche pas de la mienne, ont parlé de l'affaire à Petersen Sahib.

Petit Toomai eut peur. Il ne savait pas grand-chose des Blancs, mais Petersen Sahib représentait pour lui le plus grand homme blanc du monde: il était le chef de toutes les opérations dans le keddah — celui qui prenait tous les éléphants pour le Gouvernement de l'Inde, et qui en connaissait plus long que personne au monde sur les us et coutumes des éléphants.

— Quoi! qu'est-ce qui peut arriver? - dit Petit Toomai.

— Ce qui peut arriver! le plus mauvais, tout simplement. Petersen Sahib est un fou: autrement, pourquoi traquer ces démons sauvages?… Il peut même te forcer à devenir chasseur d'éléphants, à dormir n'importe où, dans ces jungles fiévreuses, à te faire un jour, en fin de compte, fouler à mort dans le keddah. Il est heureux que cette sottise se termine sans accident. La semaine prochaine, la chasse sera finie, et nous autres, des plaines, nous regagnerons nos postes. Alors, nous marcherons sur de bonnes routes, et nous ne penserons plus à tout cela. Mais, fils, je suis fâché que tu te sois mêlé de cette besogne: c'est affaire à ces gens d'Assam, immondes rôdeurs de jungle qu'ils sont. Kala Nag ne veut obéir à personne qu'à moi, aussi me faut-il aller avec lui dans le keddah. Mais il n'est qu'un éléphant de combat, et il n'aide pas à lier les autres; c'est pourquoi je demeure assis à mon aise, comme il convient à un mahout — non pas un simple chasseur! — un mahout, dis-je, un homme pourvu d'une pension à la fin de son service. Est-ce que la famille de Toomai des Éléphants est bonne à se faire piétiner dans l'ordure d'un keddah? Méchant! Vilain! Fils indigne! Va-t'en laver Kala Nag, fais attention à ses oreilles, et vois s'il n'a pas d'épines dans les pieds; autrement, Petersen Sahib t'attrapera, bien sûr, et fera de toi un traqueur sauvage…, un de ces fainéants qui suivent les éléphants à la piste, un ours de la Jungle. Pouah! Fi donc! Va!

Petit Toomai s'en alla sans mot dire, mais il conta ses griefs à Kala Nag, pendant qu'il examinait ses pieds.

— Cela ne fait rien, - dit Petit Toomai, en retournant le bord de l'énorme oreille droite, ils ont dit mon nom à Petersen Sahib et peut-être… peut-être… qui sait?…Aie! vois la grosse épine que je t'enlève là!

Les quelques jours suivants furent employés à rassembler les prises, à promener entre deux éléphants apprivoisés les animaux nouvellement capturés, pour éviter trop d'ennuis avec eux en descendant au sud, vers les plaines, puis à réunir les couvertures, les cordes et tout ce qui aurait pu se gâter ou se perdre dans la forêt. Petersen Sahib arriva sur le dos de son intelligente Pudmini: il revenait de compter leur paye à d'autres camps dans les montagnes, car la saison tirait à sa fin; et maintenant un commis indigène, assis à une table sous un arbre, réglait leurs gages aux cornacs. Une fois payé, chaque homme retournait à son éléphant et rejoignait la colonne prête à partir. Les traqueurs, les chasseurs, les meneurs, tous les hommes du keddah régulier, qui passent dans les jungles une année sur deux, se tenaient sur le dos des éléphants appartenant aux forces permanentes de Petersen Sahib, ou bien adossés au tronc des arbres, leur fusil en travers des bras, ils plaisantaient les comacs en partance, et riaient quand les nouvelles prises rompaient l'alignement pour courir de tous côtés. Grand Toomai se dirigea vers le commis avec Petit Toomai en arrière, et Machua Appa, le chef des trappeurs, dit à mi-voix à un de ses amis:

— Voilà de bonne graine de chasseur qui s'envole!

C'est pitié d'envoyer ce jeune coq de jungle muer dans les plaines. Or, Petersen Sahib avait des oreilles tout autour de la tête, comme le doit un homme qui passe sa vie à épier le plus silencieux des êtres vivants — l'éléphant sauvage. Il se retourna sur le dos de Pudmini, où il était étendu de tout son long, et dit:

— Qu'est-ce donc? Je ne savais pas qu'il y eût un homme parmi les chasseurs de plaine assez malin pour lier même un éléphant mort.

— Ce n'est pas un homme, mais un enfant. Il est entré dans le keddah, la dernière fois, et a jeté la corde à Barmao que voilà, pendant que nous tâchions d'éloigner de sa mère ce jeune éléphant qui a une verrue à l'épaule. Machua Appa désigna du doigt Petit Toomai. Petersen Sahib le regarda, et Petit Toomai salua jusqu'à terre.

— Lui, jeter une corde? Il n'est pas plus haut qu'un piquet… Petit, comment t'appelles-tu? - dit Petersen Sahib.

Petit Toomai avait trop peur pour desserrer les dents, mais Kala Nag était derrière lui; le gamin fit un signe, et l'éléphant l'enleva dans sa trompe et le tint au niveau du front de Pudmini, en face du grand Petersen Sahib. Alors, Petit Toomai se couvrit le visage de ses mains, car il n'était qu'un enfant et, sauf en ce qui touchait les éléphants, aussi timide qu'enfant au monde.

— Oh! oh! - dit Petersen Sahib en souriant sous sa moustache, pourquoi donc avoir appris à ton éléphant ce tour-là? Est-ce pour t'aider à voler le blé vert sur le toit des maisons, quand on met à sécher les épis?

— Pas le blé vert. Protecteur du Pauvre… les melons, - dit Petit Toomai.

Et tous les hommes assis à l'entour remplirent l'air d'une explosion de rires. La plupart d'entre eux avaient dans leur jeune âge appris ce tour à leurs éléphants. Petit Toomai était suspendu à huit pieds en l'air, mais il aurait très fort désiré se trouver à huit pieds sous terre.

— C'est Toomai, mon fils, Sahib! - dit Grand Toomai, en fronçant les sourcils. C'est un méchant garçon, et il finira en prison, Sahib.

— Pour ça, tu me permettras d'en douter! – repartit Petersen Sahib. Un garçon qui, à son âge, ose affronter un plein keddah ne finit pas en prison… Tiens, petit, voici quatre annas pour acheter des bonbons, parce que tu as une vraie petite tête sous ce grand chaume de cheveux. Le moment venu, tu pourras devenir un chasseur aussi. Grand Toomai fronça les sourcils de plus belle.

— Rappelle-toi, cependant, que les keddahs ne sont pas faits pour les jeux des enfants, - ajouta Petersen Sahib.

— Faudra-t-il n'y jamais entrer, Sahib? - demanda Petit Toomai avec un gros soupir.

— Si! - répondit en souriant de nouveau Petersen Sahib. Quand tu auras vu les éléphants danser!… Ce sera le moment… Viens me trouver quand tu auras vu danser les éléphants, et alors je te laisserai entrer dans tous les keddahs.

Il y eut une autre explosion de rires, car la plaisanterie est vieille parmi les chasseurs d'éléphants, c'est une façon de dire jamais. Il y a, cachées au loin dans les forêts, de grandes clairières unies que l'on appelle les «salles de bal des éléphants», mais on ne les découvre que par hasard, et nul homme n'a jamais vu les éléphants danser. Lorsqu'un chasseur se vante de son adresse et de sa bravoure, les autres lui disent:

— Et quand est-ce que tu as vu danser les éléphants?

Kala Nag reposa Petit Toomai sur le sol et l'enfant salua de nouveau très bas, s'en fut avec son père, et donna la pièce d'argent de quatre annas à sa mère, qui nourrissait un dernier-né. Puis toute la famille prit place sur le dos de Kala Nag, et la file d'éléphants, grognant, criant, se déroula le long du chemin de la montagne, vers la plaine. C'était une marche très animée, à cause des nouveaux éléphants, qui causaient de l'embarras à chaque gué, et que toutes les deux minutes il fallait flatter ou battre.

Grand Toomai, fort mécontent, menait Kala Nag avec dépit. Quant à Petit Toomai, il était trop heureux pour parler: Petersen Sahib l'avait distingué et lui avait donné de l'argent; il se sentait comme un simple soldat appelé hors des rangs pour recevoir les éloges de son commandant en chef.

— Que veut dire Petersen Sahib avec la danse des éléphants? - demanda-t-il enfin tout bas à sa mère.

Grand Toomai l'entendit, et grommela:

— Que tu ne seras jamais de ces buffles-de-montagne de traqueurs. Voilà ce qu'il voulait dire… Hé! là-bas, vous, en tête, qu'est-ce qui barre la route?

À deux ou trois éléphants en avant, un cornac, un homme d'Assam, se retourna en criant avec colère:

— Amène Kala Nag, et cogne-moi sur ce poulain que j'ai là, pour lui apprendre à se conduire. Pourquoi Petersen Sahib m'a-t-il choisi pour descendre avec vous autres, ânes de rizières!… Amène ta bête contre son flanc, Toomai, et laisse-la travailler des défenses… Par tous les dieux des montagnes, ces nouveaux éléphants sont possédés… ou bien ils flairent leurs camarades dans la Jungle!

Kala Nag bourra le nouveau dans les côtes, à lui faire perdre le souffle, tandis que Toomai disait:

— Nous avons nettoyé les montagnes d'éléphants sauvages, à la dernière chasse. C'est seulement la négligence avec laquelle vous les conduisez. Suis-je donc chargé de l'ordre tout le long de la file?

— Écoutez-le! - cria l'autre cornac: «Nous avons nettoyé les montagnes!…» Oh! oh! Vous êtes malins, vous autres, gens de la plaine. Tout le monde, sauf un culterreux qui n'a jamais vu la Jungle, saurait ce qu'ils savent bien, eux, que la chasse est finie pour la saison: alors, ce soir, tous les éléphants sauvages feront… Mais pourquoi gaspiller ce qu'on sait devant une tortue de rivière?

— Qu'est-ce qu'ils feront? - cria Petit Toomai.

— Ohé! petit. Tu es donc là? Eh bien! je vais te le dire: car toi, tu as du bon sens. Ils danseront, voilà! Et ton père, qui a nettoyé toutes les montagnes de tous les éléphants, fera bien, ce soir, de mettre double chaîne à ses piquets.

— Qu'est-ce qu'il raconte? - fit Grand Toomai. Pendant quarante années, de père en fils, nous avons soigné les éléphants, et nous n'avons jamais ouï parler de ces danses-là.

— Oui, mais un homme des plaines, qui vit dans une hutte, ne connaît que les quatre murs de sa hutte… Eh bien! laisse tes éléphants sans entraves, ce soir, tu verras ce qui arrivera. Quant à leur danse, j'ai vu la place où… Bapree-bap! combien de coudes a cette rivière Dihang? Voici encore un gué, il va falloir mettre les petits à la nage. Tenez-vous tranquilles, vous autres, là-bas derrière!…

Ainsi causant, se querellant et pataugeant à travers les rivières, leur première étape les conduisit jusqu'à une sorte de camp destiné à recevoir les nouveaux éléphants. Mais ils avaient perdu patience longtemps avant d'y arriver. Là, les animaux furent attachés par les jambes de derrière aux piquets enfoncés à coups de lourdes masses; on mit des cordes supplémentaires aux nouveaux; on entassa devant eux le fourrage. Puis les cornacs de la montagne retournèrent vers Petersen Sahib, sous le soleil de l'après-midi, en recommandant aux hommes de la plaine de veiller mieux ce soir-là que de coutume, et ils riaient lorsque ceux-ci leur en demandaient la raison. Petit Toomai présida au souper de Kala Nag; et, comme le soir tombait, il erra par le camp, heureux au-delà de toute expression, en quête d'un tam-tam. Lorsqu'un enfant hindou se sent le coeur en liesse, il ne court pas de tous côtés et ne fait pas un vacarme désordonné. Il s'assoit par terre et se donne une petite fête à lui tout seul. Et Petit Toomai s'était vu adresser la parole par Petersen Sahib! Faute de trouver ce qu'il cherchait, il aurait fait une maladie. Mais le marchand de sucreries du camp lui prêta un tamtam — un tambour que l'on frappe du plat de la main — et l'enfant s'assit par terre, les jambes croisées, devant Kala Nag, au moment où les étoiles commençaient à paraître, le tam-tam sur les genoux, et il tambourina, tambourina, tambourina, et, plus il pensait au grand honneur qui lui avait été fait, plus il tambourinait, tout seul parmi le fourrage des éléphants. Il n'y avait ni air ni paroles, mais tambouriner le rendait heureux. Les nouveaux éléphants tiraient sur les cordes, piaulaient de temps à autre et trompetaient, et il pouvait entendre sa mère, dans la hutte du camp, qui endormait son petit frère, avec une vieille, vieille chanson sur le grand dieu Shiva, lequel a dit jadis à tous les animaux ce qu'ils devaient manger… C'est une berceuse très caressante et donc voici le premier couplet: Shiva qui versa les moissons et qui fit souffler les vents Assis aux portes en fleur d'un jour des anciens temps, Donnait à chacun sa part: vivre, labeur, destinée, Du mendiant sur le seuil à la tête couronnée.

Toutes choses a-t-il faites, Shiva le Préservateur, Mahadeo! Mahadeo! toutes choses: L'épine pour le chameau roux, le foin pour les boeufs du labour.

Et le sein des mères pour la tête endormie, ô petit fils de mon amour!

Petit Toomai accompagnait la chanson d'un joyeux tunk-a-tunk à la fin de chaque couplet, jusqu'au moment où il eut sommeil et s'étendit lui-même sur le fourrage, à côté de Kala Nag. Enfin, les éléphants commencèrent à se coucher, l'un après l'autre, selon leur coutume; et bientôt Kala Nag, à la droite de la ligne, demeura seul debout: il se balançait lentement de-ci de-là, les oreilles tendues en avant pour écouter le vent du soir qui soufflait très doucement à travers les montagnes. L'air était rempli de tous les bruits de la nuit, qui, rassemblés, font un seul grand silence: le clic-clac d'une tige de bambou contre l'autre, le froufrou d'une chose vivante dans l'épaisseur de la brousse, le grattement et le cri étouffé d'un oiseau à demi réveillé (les oiseaux sont éveillés dans la nuit beaucoup plus souvent qu'on ne pense), une chute d'eau très loin…

 

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